Initié au miracle de la résurrection, conforté dans sa foi, le pèlerin quittait alors l'Osireion pour regagner le temple et rendre grâce au Seigneur de l'Occident en son naos.
C'était alors le miracle: les deux vantaux de pierre qui nous avaient jusqu'ici barré la route étaient repoussés:majestueux, l'axe se prolongeait au-delà de l'
apparencedu dieu. En pénétrant dans cette nouvelle dimension, notre pèlerin devait ressentir jusqu'aux tréfonds de son coeur l'immense grâce qui lui était accordée, à lui qui s'était risqué plus loin même que la mort pour mériter la Connaissance.
De fait, seul des sept naos de l'eptéade, celui d'Osiris n'était pas muré: ses portes de bois, vraisemblablement peintes à l'imitation de la pierre, donnaient accès à un
temple intérieur, à un sanctuaire secret. Seul maître d'un royaume situé au-delà des portes de l'Occident, Osiris se trouve donc confirmé dans ses prérogatives de souverain absolu d'Abydos, de
Dieu Unique. Ce temple intérieur se compose d'une vaste
salle hypostyle
dont deux rangées de colonnes massives déterminent l'axe, le Sud-Nord idéal. A la paroi Nord comme à la paroi Sud s'ouvrent trois chapelles, consacrées respectivement à Osiris au centre, à Isis à sa droite, et
Horus
[?]
Dieu du ciel et protecteur du pharaon qui lui est assimilé, Horus pouvait avoir la tête ou tout l'aspect d'un faucon. En tant que fils d'Osiris et d'Isis, il es souvent représenté comme un enfant (Harpocrate) le doigt à la bouche.
à sa gauche. Les chapelles du Sud sont précédées d'une antichambre à quatre colonnes; celles du Nord sont prolongées par une "chambre aveugle" dont l'existence n'a été révélée qu'au cours de récents travaux de restauration: elle a été retrouvée vide de tout contenu, et vierge de tout relief ou inscriptions, hormis un mystérieux graffito évoquant "
trois cent-trois pas à franchir en direction du Nord pour y trouver l'Oeil d'Horus". Indication précieuse révélant l'existence d'une crypte, d'une cachette, ou formulation purement symbolique à traduire au second degré, ce graffito n'a pas encore incité les spécialistes à entreprendre des travaux de recherche systématiques.
Orienté selon l'axe fluvial Sud-Nord, le temple intérieur représenterait notre vie d'ici-bas: comme le Nil, nous naissons au Sud; comme lui, nous sommes appelés à franchir un jour les portes du Nord. La vie est un cours, serein comme le miroir des eaux qui glissent tout au long de la vallée aux siècles des siècles. Osiris est à la source, puisqu'il donne la vie en fécondant les terres, comme il a éveillé Horus en s'unissant à Isis: Osiris est au terme, puisqu'il ouvre son royaume aux âmes justifiées. Osiris est naissance et mort à la fois:ou plutôt, et c'est là l'ultime révélation du temple, naissance et mort se confondent en Osiris, puisque, par sa grâce, elles sont toutes deux avènement à la lumière, avènement au
jour.
Séthi Ier a su traduire en termes de pierre l'épopée de la vie. Aux questions que nous nous posons tous depuis que nous avons su nous éveiller à la conscience, aux énigmes auxquelles nous avons tous tenté de répondre, Egyptiens, Grecs, Latins, gens d'Orient et gens d'Occident, il offre son temple d'Abydos, où seuils et portes, couloirs et salles,ombres et lumières, jouent le plus sacré des mystères, celui de la destinée.
Au milieu de tous les dieux auxquels il est associé, de toutes les entités qui peuplent les parois, de toutes les forces que célèbrent les inscriptions, Osirisse trouve magnifié, transfiguré, à Abydos comme jamais il ne l'avait été nulle partailleurs. L'obscur patron de
Busiris
De l'égyptien "cité d'Osiris". Ville de la Basse-Egypte où naquit un culte d'Osiris.
, l'antique
Djedou, celui dont les pharaons du Moyen Empire avaient fait le Seigneur de l'Occident, et plus tard le souverain des âmes
justes de voix, se mue avec Séthi Ier en une divinité suprême, garante de l'équilibre du jour et de la nuit, de l'ici-bas et de l'au-delà, de ce qui est manifesté et de ce qui doit demeurer secret.
Et avec lui, le roi demeurera dans la mémoire des hommes comme le maître d'oeuvre et le suprême desservant de l'un de ces rares hauts lieux où la conscience et la ferveur sont les ferments mêmes de la Révélation.
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Contre-temple d'Osiris: salle hypostyle
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Contre-temple d'Osiris : Séthi faisant l'offrande du vin
Contre-temple d'Osiris: Osiris et Isis
Contre-temple d'Osiris : Horus
Contre-temple d'Osiris: Séthi en Osiris
Contre-temple d'Osiris
Contre-temple d'Osiris: Anubis [?]
Dieu à tête de chacal, il préside à la momification et accompagne les morts dans l'au-delà.
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Contre-temple d'Osiris: Horus purifiant la momie de Séthi
Contre-temple d'Osiris: Table d'offrandes
Contre-temple d'Osiris: Les couronnes de Haute et Basse Egypte
Contre-temple d'Osiris: Séthi brûlant de l'encens
Contre-temple d'Osiris: Séthi et Isis dressant le pilier djed (détail)
Contre-temple d'Osiris: Séthi et Isis dressant le pilier djed (détail)
Contre-temple d'Osiris: Séthi et Isis dressant le pilier djed
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