
Il s'agit, pour Raphaël, de montrer les voies de la Connaissance. Au centre de la composition, deux personnages. Un, lève le doigt vers le ciel, Platon, qui tient à la main le Timée, un de ses derniers dialogues. L'autre, baisse la main vers la terre, Aristote, qui tient à la main l'Ethique 







La Naissance de Vénus et la fameuse Primavera, sont l'exact produit de cette géométrie idéale.









La Florence des Médicis est un exemple privilégié de ce fameux triangle, mais toutes les villes de l'Italie du 15e siècle ont bénéficié du même statut.

Portrait d'Eléonore de Tolède


Elle s'imaginait sans cesse morte et voulait se faire peindre, en morte, dans son cercueil. Elle meurt de fièvre, comme beaucoup de Médicis, avant d'atteindre ses quaranteans. Chose extraordinaire, en 1982, vingt ans après qu'A. Chastel ait dit cela, Florence a ouvert les tombeaux des Médicis et a eu la stupéfaction de découvrir qu'Eléonore de Tolède a été enterrée avec cette robe-là. Dans un état fabuleux de conservation, on a retrouvé son corps embaumé, sa robe, sa chaîne autour de la taille. L'incroyable collier de perles n'est pas là. Ce sont les fameuses perles Médicis qui seront portées plus tard par toutes les dames qui mourront mal, dont Marie-Antoinette. Ce sont les perles maudites...
Bronzino - Cosme Ier de Médicis - Musée des Offices




Bronzino - La Déploration sur le Christ mort -
Musée des beaux-arts et d'archéologie de Besançon

Il est fascinant d'imaginer ce qu'ont dû être les débats entre le jeune Bronzino si près de la matière et ce Pontormo, plus mûr, si loin de la matière mais si près de l'esprit, et de penser à ce défi qu'ils se sont lancés, de créer sur un même thème, deux œuvres aussi diamétralement autres.

Cette déposition est à Florence, dans l'église Santa Félicita, dans la chapelle Caponi, où l'œuvre est entourée des quatre tondi de son élève, Bronzino. Pontormo est le peintre de l'immatériel.Le corps du Christ ne pèse rien, les personnages qui le soutiennent ne se tiennent que sur un orteil. Tous les drapés sont crées de façon à augmenter encore cette impression de vision. Pontormo est un visionnaire, alors que Bronzino est le témoin pragmatique de son temps. Ce qui est présence des corps chez Bronzino devient une absence, une ombre chez Pontormo. Nous allons nous promener dans cette œuvre car plus on la regarde de près, plus on se convainc que Pontormo est un des peintres les plus étranges de son temps, un des plus attachants.
Bronzino - Allegory, known as The Triumph of Venus - London- National Gallery


La jalousie se trouve à gauche, horrible vieille femme.





Vignola réalise, à partir de 1566, la Villa Lante à Bagnaia ( édifices, jardin et parc). Mais ce que l'on considère comme son chef-d'œuvre absolu, c'est l'église du Gesù, à Rome, qu'il construira beaucoup plus tard.


Le Duc d'Urbin se justifiant par la vastitude des horizons qu'il semblait ainsi patronner. Le Prince de la Renaissance goûte la Nature. Pourquoi le jardin plus particulièrement? Un jardin, cela se modèle, cela se fabrique ; donc le jardin est une nature sur laquelle l'homme peut avoir une incidence. L'homme sculpte la Nature : l'homme est presque l'égal de Dieu. Les Princes de la Renaissance, lorsqu'ils commandaient ici une cascade, là une montagne et des perspectives en face, se sentaient un peu comme Jupiter tonnant au sommet de la Sixtine, ou, si vous préférez, ils se sentaient Dieu, le Père. Le jardin est donc un lieu que les Princes ont particulièrement prisé. Un jardin propose un périple, un jardin raconte une histoire. Cette histoire est ponctuée de moments forts, dans lesquels le Génie de la Science et les merveilles de la Nature pourront être conjugués. Une grotte de Vulcain permet à un Prince de la Renaissance de s'exalter.

Ce programme a été conçu par Line Chatelain, ancienne élève de J-E Berger, à partir des notes et des illustrations qu'il a réunies pour ses cours et ses conférences.
Il est le fief héréditaire de la famille Orsini. Au pied de ce petit bourg se dresse le Château. Les jardins de la résidence sont l'œuvre de Vicino Orsini; Duc de Bomarzo, il est né en 1523 et mort en 1583. Humaniste lettré, il s'intéresse aux Arts, les protège. Il consacre sa vie au bonheur de sa maison et de son épouse, Julia Farnèse. C'est à la mort de Julia Farnèse qu'il crée l'enseignement de ce jardin. Il donne à ce jardin non pas le titre de jardino, mais de Bosco Sacro, Bois Sacré ou Bosco dei Monstri, Bois des Monstres. Il faut entendre monstre dans le sens du latin monstrare, ce qui montre et démontre. Cela veut donc bien dire que de passage en passage, d'étape en étape, chaque élément est l'élément d'un immense poème, très néo-platonicien, à l'amour perdu de son épouse.
Tout jeune, il aime dessiner. On l'a laissé dessiner.On a choisi un maître à la mode du temps: Polidorio da Caravaggio. Il monte à Rome en 1534 et travaillera pour les grandes familles romaines, dans cette esthétique du trompe l'oeil, sophistiquée, qu'on appelle "grotesque". Il travaillera pour les Caraffa de Rome, pour les Orsini, pour les Este et même pour les papes. Il fera tout ce que l'on veut. Il est encyclopédique. De la fresque, de l'architecture, de la "recarrosserie" de façade, des jardins et des perspectives.
"Un architecte, écrit-il, n'est pas un architecte plébéien, un maçon, c'est un homme qui ordonne et défend tout ce qui touche à l'Art, si bien qu'il doit connaître la philosophie, les théories musicales, la symétrie, les mathématiques, l'astronomie, l'histoire, la topographie, l'analogie, la perspective (...) il doit savoir peindre et dessiner."Ce portrait lui convient tout à fait. On lui doit des choses extrêmement importantes. La cour du Belvédère au Vatican, celle qui abrite entre autre le Laocoon.

Le nymphée de la villa Julia, à Rome, est également de lui.

Il assouvit en même temps sa curiosité d'érudit et de spécialiste de l'Antiquité. En 1549, il commence les fouilles de la villa d'Hadrien, à Tivoli, sur la demande d'Hippolyte d'Este. En 1553, il publie le "Livre des Antiquités". Il est de plus en plus connu et comme il est aussi bien dessinateur que peintre, peintre que sculpteur, ornemaniste qu'hydrolicien et paysagiste, on lui confie des jardins de plus en plus nombreux.C'est ainsi que Vicino Orsini fait appel à lui pour créer Bomarzo. Un texte, tiré du "Livre des Antiquités" sur le sens de son travail à Bomarzo.
" ... Bien que les grotesques parussent fantastiques ou profanes, tous étaient symboles et choses ingénieuses, faites non sans mystère... Il y a des formes si fantastiques que l'on croit rêver, là ont été amalgamées les choses morales et fabuleuses des dieux. ...Ils ont été retrouvés par hasard, ni à des fins fantastiques, ni pour montrer des choses insolites et folles , ni pour se servir de leur variété comme motif décoratif, pour transformer des demeures en lieux de délice...Ils sont faits pour provoquer la stupeur et l'émerveillement chez les misérables mortels, pour illustrer autant que possible la fécondité, la plénitude de l'intelligence, ses facultés imaginatives... Et pour montrer comment la vie se manifeste, pour mettre en valeur la prolifération des thèmes nés des choses crées...". Pour Hippolyte d'Este, il conçoit les jardins de la Villa d'Este.